Trump pousse l’Inde dans les bras de la Chine

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De quoi on parle ?

Le 31 août, Narendra Modi a foulé le sol chinois pour la première fois depuis sept ans. Au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), il a affiché un rapprochement inédit avec Xi Jinping. La poignée de main, soigneusement mise en scène, symbolise bien plus qu’une simple détente diplomatique. Elle traduit le recalibrage stratégique de l’Inde, poussé par la politique de Donald Trump.

Pourquoi c’est important ?

En quelques mois, l’administration américaine a infligé à l’Inde certains des tarifs douaniers les plus élevés au monde, soit 50 % sur ses exportations. Trump a même justifié une partie de ces sanctions par les achats indiens de pétrole russe. Résultat : New Delhi se sent humiliée et cherche des alternatives. Pour Pékin, l’opportunité est parfaite. Xi Jinping met en avant un « partenariat de coopération » et l’Inde répond positivement. Les vols directs reprennent, les visas se rouvrent et même les discussions frontalières, gelées depuis 2020, redémarrent.

Quels sont les risques pour l’Inde ?

À court terme, l’impact économique reste limité. Les exportations de biens ne représentent que 11 % du PIB indien, loin derrière des voisins comme le Vietnam. Mais le pari industriel de Modi, attirer les multinationales et devenir une alternative à la Chine, est fragilisé. Avec des tarifs américains aussi élevés, l’Inde risque de perdre toute crédibilité comme base manufacturière de substitution. Sur le plan diplomatique, la volte-face américaine sur le Pakistan, Trump affichant même un soutien à son armée, accentue la méfiance de Delhi.

Une nouvelle équation stratégique.

Historiquement, l’Inde s’est toujours voulue « multi-alignée », refusant d’entrer dans une alliance exclusive. Depuis 25 ans, son tilt allait pourtant plutôt vers l’Occident, notamment via un partenariat de défense stratégique avec Washington. Trump a fissuré cette trajectoire. Résultat : l’Inde rouvre le jeu. Elle cherche à renforcer ses liens commerciaux avec l’Europe, sécuriser des technologies militaires auprès de la France et d’Israël, et tester une détente avec Pékin pour peser davantage face aux pressions occidentales.

Pour finir.

En voulant sanctionner l’Inde, Donald Trump pourrait avoir offert à Xi Jinping une victoire diplomatique majeure. Le rapprochement sino-indien reste fragile. Les tensions himalayennes et le déficit commercial record persistent. Mais il illustre une bascule géopolitique : pousser trop fort un partenaire peut le faire changer de camp.