Vote de confiance : quand la politique française inquiète la BCE

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De quoi on parle ?

Le gouvernement de François Bayrou joue sa survie le 8 septembre lors d’un vote de confiance. Faute de majorité solide, son plan budgétaire de 2026 pourrait être rejeté, précipitant une chute annoncée. Au-delà de la crise politique, c’est la stabilité économique et financière de la France qui inquiète. L’endettement public atteint 114% du PIB et les marchés surveillent de près les taux français, déjà au plus haut depuis quatorze ans. Pour Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), la situation représente un « risque préoccupant » non seulement pour la France, mais aussi pour toute la zone euro.

Une dette qui pèse lourd

La dette française dépasse désormais 3 350 milliards d’euros. Depuis un demi-siècle, l’État dépense plus qu’il ne gagne, alimentant un déficit chronique. En 2025, il devrait rester au-dessus de 5% du PIB, bien loin de la limite européenne de 3%. Bayrou espère ramener ce déficit à 4,6% l’an prochain, mais sans soutien parlementaire, son plan risque d’échouer. Les investisseurs, eux, réclament déjà une prime de risque plus élevée pour financer la dette française, plaçant les taux au niveau de l’Italie.

La BCE vigilante, mais pas d’alerte rouge

Christine Lagarde se veut prudente mais rassurante. Selon elle, la France ne remplit pas les conditions qui justifieraient une intervention du Fonds monétaire international (FMI). Le système bancaire français reste solide, mieux capitalisé qu’au moment de la crise de 2008. Mais elle avertit : la trajectoire de la dette doit être corrigée pour qu'elle revienne dans les limites de ce qui a été convenu au niveau européen. Autrement dit, il faut engager une réduction durable des déficits.

Un choc politique qui inquiète les marchés

Le problème est moins économique que politique. Les marchés financiers redoutent une crise de gouvernance qui affaiblirait la capacité de la France à tenir ses engagements européens. Christine Lagarde rappelle que « tout risque d’effondrement d’un gouvernement de la zone euro est préoccupant ». Les oppositions à gauche comme à droite veulent renverser Bayrou, ce qui plongerait le pays dans une nouvelle instabilité, après déjà un changement de gouvernement l’an dernier.

Pour finir.

La France ne risque pas la faillite immédiate, ni un recours au FMI. Mais elle se trouve face à une équation délicate : stabiliser sa dette tout en préservant la confiance des marchés et de ses partenaires européens, dans un contexte politique explosif. Plus qu’une crise budgétaire, c’est une crise de gouvernance qui menace. Et à la différence des chiffres, la confiance perdue met beaucoup plus de temps à se rétablir.

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