Taxation minimale : Trump obtient l’exclusion des entreprises américaines

© Mark Schiefelbein/AP

De quoi on parle ?

L’impôt minimum mondial de 15 %, négocié en 2021 par 140 pays pour limiter la concurrence fiscale, vient de perdre l’un de ses piliers. Les États-Unis, sous pression de Trump, viennent d’obtenir que leurs entreprises soient exemptées de cette règle. Le G7, malgré des réticences, a fini par céder.

Pourquoi c’est important ?

Le signal est double : d’abord, la loi du plus fort l’emporte. Ensuite, la tentative de coordination fiscale mondiale vole en éclats. Derrière les mots de coopération, les rapports de force bruts. Le président américain a menacé d’une « taxe de vengeance » visant les groupes étrangers. Résultat : les Européens ont reculé pour éviter des surtaxes sur leurs champions.

Comment on en est arrivé là ?

Trump a joué la carte du chantage fiscal. Dans un projet de loi, une modification du code fiscal permettait de taxer à 20 % les groupes de pays jugés “injustes” envers les entreprises US. Un message clair : si vous imposez nos boîtes, on imposera les vôtres. Face à ce risque, les pays du G7 ont lâché prise, espérant préserver leurs intérêts économiques.

Une victoire pour qui ?

Officiellement, tout le monde se félicite. Washington parle d’un compromis “gagnant-gagnant”. Paris, Londres ou Berlin y voient un mal nécessaire pour éviter une guerre fiscale. Mais dans les faits, les multinationales américaines échappent à la règle… pendant que les européennes, elles, restent pleinement soumises à l’impôt minimum. Le “level playing field” est brisé.

Le vrai sujet : la fin d’un rêve multilatéral

L’OCDE tenait là un rare consensus international. Ce que les traités climatiques peinent à construire, la fiscalité mondiale l’avait frôlé. Mais en quelques semaines, l’universalité a été sacrifiée sur l’autel du rapport de force. Un ancien négociateur parle d’un “accord zombie” : encore vivant sur le papier, mais vidé de sa substance.

Pour finir.

L’Europe peut continuer à appliquer l’impôt de 15 % sur ses propres groupes. Mais l’exemption américaine marque un tournant : celui d’une fiscalité mondialisée en sursis. Après le commerce, c’est le système fiscal mondial qui se fracture. Et le retour de Trump consacre une évidence : la démondialisation avance, un chapitre fiscal à la fois.

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