Retraites : le conclave échoue, l’avenir du système reste en suspens

© Pexels/Antonio Miralles-Andora

De quoi on parle ? 

Un an après la très contestée réforme des retraites portée par Élisabeth Borne, celle qui a relevé l’âge légal de départ à 64 ans, le gouvernement espérait tourner la page. Pour apaiser le pays, François Bayrou avait lancé une initiative inédite : réunir syndicats et patronat autour d’une table, à huis clos, pour ajuster la réforme et rétablir un minimum de confiance sociale.

Après seize séances de négociations, ce “conclave” s’est achevé cette nuit… sur un échec cinglant. Aucun accord. Aucun compromis. Aucun progrès. Les discussions ont bloqué sur tous les sujets sensibles : pénibilité, carrières longues, âge de la décote ou financement du régime. À peine la porte refermée, chacun a pointé l’autre du doigt. « Le Medef a fermé la porte », accuse la CFDT. « Les syndicats n’ont rien voulu entendre », réplique le patronat. Fin de partie.

Pourquoi c’est important ?

Ce revers dépasse largement la question des retraites. C’est un coup dur pour le gouvernement Bayrou, déjà en manque de majorité parlementaire, qui comptait sur ce dialogue exemplaire pour montrer qu’une nouvelle méthode était possible. C’est aussi un avertissement pour les partenaires sociaux : même face à l’urgence, le régime des retraites se creuse d’année en année, ils ne parviennent pas à dépasser leurs désaccords de fond.

Dans le détail, le Medef refusait de faire contribuer davantage les entreprises, même symboliquement. Les syndicats, eux, réclamaient des avancées concrètes pour les salariés aux métiers les plus pénibles. Aucun terrain d’entente, même sur l’âge d’annulation de la décote, dont la réforme pourrait toucher des millions de futurs retraités.

Pour finir. 

D’un point de vue budgétaire, rien ne bouge. Le déficit du système continue de se creuser, et les mesures nécessaires sont simplement repoussées. Mais politiquement, le climat se tend. Les syndicats, humiliés par une réforme imposée l’an dernier, sont désormais vent debout contre une méthode qu’ils jugent biaisée. Le patronat, lui, a gagné du temps, mais pourrait perdre en crédibilité sociale. Pour le gouvernement, cet échec complique les arbitrages à venir. Alors qu’un effort historique sur les dépenses publiques est annoncé, comment demander un effort national quand les représentants sociaux se renvoient la balle ? Le Premier ministre doit s’exprimer dès ce matin, mais le pari d’un consensus social est déjà perdu.

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