Iran–USA : les répercussions économiques d’un tournant militaire

© Pexels

De quoi on parle ?

Les Etats-Unis ont mené, dans la nuit de samedi à dimanche, une frappe d’ampleur contre les sites nucléaires iraniens. L’opération "Midnight Hammer", lancée en coordination avec Israël, a détruit les installations de Fordo, Natanz et Ispahan. Washington affirme ne pas vouloir changer le régime iranien, mais exige une reddition. Téhéran dénonce une agression et prépare sa riposte. Le monde retient son souffle.

Pourquoi c’est important ?

Au-delà de l’enjeu diplomatique, les conséquences économiques de cette escalade sont immédiates. Le Parlement iranien a déjà voté la fermeture du détroit d’Ormuz, par lequel transite près d’un quart du pétrole mondial. Cette menace suffit à faire flamber les prix : le baril de Brent, en hausse de 20 % depuis début juin, s’approche des 100 dollars. Si la fermeture est effective, les analystes redoutent un choc pétrolier mondial. Dans le même temps, les perspectives de croissance se dégradent. L’inflation, alimentée par l’énergie, pourrait repartir à la hausse, compliquant la stratégie des banques centrales. La Fed, déjà prudente, pourrait repousser toute baisse de taux, freinant la reprise. En Europe, où la croissance est à l’arrêt, ce serait un nouveau coup dur.

Ce que ça change.

L’opération américaine fragilise l’ordre énergétique mondial. D’autres pays producteurs pourraient profiter des tensions pour renégocier les prix. La Chine, grande consommatrice, est en première ligne. Les tensions sur les chaînes d’approvisionnement risquent aussi de s’aggraver : l’Asie redoute un éclatement du conflit à l’ensemble du Golfe. Sur les marchés financiers, les secteurs sensibles comme l’aérien, le transport maritime ou l’industrie automobile, extrêmement dépendants du coût de l’énergie, sont déjà sous pression. À l’inverse, les valeurs pétrolières et de défense bondissent.

Pour finir. 

Tout repose sur la réaction de l’Iran. Une riposte directe ou via ses relais régionaux (Hezbollah, Houthis) pourrait entraîner une escalade incontrôlable. En cas de guerre ouverte, les conséquences économiques seraient majeures : nouvelle crise migratoire, chute de la consommation mondiale, explosion des dépenses militaires. Dans ce contexte, l’Europe apparaît marginalisée. Ses appels au dialogue ont été ignorés, et sa dépendance énergétique la rend vulnérable. Pour les investisseurs, une seule certitude : l’incertitude est de retour. Et avec elle, la peur du cygne noir économique.

Précédent
Précédent

Retraites : le conclave échoue, l’avenir du système reste en suspens

Suivant
Suivant

Réarmement : l’Europe face à l’urgence d’un sursaut industriel