Réarmement : l’Europe face à l’urgence d’un sursaut industriel
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De quoi on parle ?
Un rapport conjoint des instituts de Kiel et Bruegel tire la sonnette d’alarme. L’Europe accuse un retard industriel critique face à la montée en puissance militaire de la Russie. Alors que l’Otan s’apprête à acter une hausse massive des budgets de défense, les chercheurs alertent : sans réarmement rapide et massif, le Vieux Continent restera militairement vulnérable.
Pourquoi c’est important ?
En apparence, les budgets européens surpassent celui de Moscou. Mais en parité de pouvoir d’achat – qui reflète le coût réel des équipements – le budget militaire russe équivaut en réalité à 400 voire 460 milliards de dollars, selon les estimations. Ce différentiel se voit dans la production : 1 800 chars russes produits chaque année contre seulement 50 pour l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et la Pologne réunis. Même déséquilibre pour l’artillerie, les véhicules blindés et la défense antiaérienne.
Ce que ça change
Pour réduire cet écart, les auteurs du rapport estiment qu’il faudrait multiplier par cinq la production de systèmes de défense terrestre d’ici 2030. Dans certains cas, l’effort requis pourrait même aller jusqu’à six fois les niveaux actuels. L’objectif est de constituer une force de 25 à 75 brigades lourdes, capable de faire face à un conflit majeur, avec ou sans le soutien des États-Unis.
Mais la marche est haute. Les délais de livraison actuels dépassent souvent trois ans, certaines hausses de budgets ne font que compenser la vétusté des équipements existants, et l’Europe reste dépendante de Washington pour les missiles longue portée, les drones collaboratifs ou certaines pièces d’artillerie.
Et maintenant ?
Le plan ReArm Europe prévoit 800 milliards d’euros d’investissements. Mais rien que pour les blindés, les chars et l’artillerie, la facture pourrait atteindre entre 250 et 500 milliards selon le scénario retenu. S’ajoutent à cela les besoins dans le domaine naval et aérien. Un effort colossal, alors même que la croissance européenne stagne et que les tensions commerciales se multiplient.
Pour finir.
Le rapport se veut prudemment optimiste. Il souligne que l’Europe dispose encore des capacités technologiques et industrielles pour réussir ce réarmement à l’horizon 2030. Mais il n’y a plus de temps à perdre. Dans les années qui viennent, c’est sur les chaînes d’assemblage que se jouera l’autonomie stratégique du continent.