Meta prêt à investir 10 milliards dans Scale AI.

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De quoi on parle ?

Meta discute d’un investissement géant, possiblement plus de 10 milliards de dollars, dans la startup Scale AI. Cette entreprise, fondée en 2016, s’est spécialisée dans un maillon essentiel de l’intelligence artificielle : le nettoyage, l’annotation et la structuration de données (images, textes, vidéos) pour entraîner des modèles d’IA. Elle travaille déjà avec OpenAI, Microsoft et Meta. Grâce à ses milliers de travailleurs sous contrat et ses outils propriétaires, Scale alimente la machine IA en carburant de qualité. Elle est aussi devenue incontournable dans la tech militaire américaine, avec un contrat signé avec le Pentagone et un partenariat avec Meta autour du programme “Defense Llama”, un modèle IA conçu pour des applications militaires concrètes.

Pourquoi c’est important ?

Meta change de méthode. Longtemps fidèle à une stratégie de recherche en interne, open source et sans gros chèques à des startups, le groupe de Mark Zuckerberg aligne désormais sa stratégie sur celle de ses rivaux : prendre des parts dans les stars de l’IA. Microsoft a investi plus de 13 milliards dans OpenAI, Amazon et Google dans Anthropic. Meta, qui ne possède pas de cloud à louer comme ses concurrents, doit compter sur des alliances solides pour faire tourner ses modèles. Scale AI, qui lui fournit déjà des données, pourrait devenir un partenaire-clé. Et Scale est aussi très présent sur les sujets de défense, un axe que Meta commence à prendre au sérieux après son partenariat avec le fabricant d’armement Anduril.

Ce que ça change.

Si le deal se conclut, Meta fera de Scale un pilier de son offensive IA, au même titre que son modèle maison Llama, déjà utilisé par un milliard de personnes sur ses plateformes. C’est aussi une étape de plus dans le brouillage des frontières entre IA civile et militaire. Meta, réseau social hier encore cantonné aux selfies et aux filtres, se retrouve à équiper la défense américaine avec des casques en réalité augmentée, des partenariats industriels et des modèles entraînés sur des données sensibles. Côté stratégie, c’est un virage net : après avoir longtemps tout fait en interne, Meta entre dans une logique d’investisseur stratégique. Et à grande échelle.

Pour finir.

Meta court après le temps perdu. À force de vouloir faire cavalier seul, le groupe a pris du retard sur ses voisins de la tech. Cet investissement, s’il se concrétise, pourrait marquer un tournant : un Zuckerberg décidé à revenir dans le jeu, à coups de milliards, y compris sur les terrains les plus inattendus. L’eldorado de l’IA ne se limite plus aux labos de recherche ou aux apps ludiques. Il attire désormais les conglomérats militaires, les fonds souverains et les géants du web. Le monde de demain s’entraîne aujourd’hui, à condition d’avoir les bonnes données.

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