La BCE baisse les taux… mais garde le frein à main.

© Liesa Johannssen/Bloomberg

De quoi on parle ? 

Jeudi 5 juin, la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé une nouvelle fois son taux directeur, le ramenant à 2 %. Il s’agit de la huitième baisse depuis juin 2024, dans un contexte de ralentissement de l’inflation et de tensions commerciales croissantes entre les États-Unis et l’Europe. Officiellement, l’objectif est de soutenir la croissance dans une zone euro qui reste fragile. Mais cette détente monétaire intervient alors que Donald Trump menace de taxer à 50 % les produits européens à partir du 9 juillet.

Pourquoi c'est important ? 

Cette baisse de taux peut sembler logique au vu d’une inflation qui retombe (1,9 % en mai) et d’une croissance atone. Mais le message de Christine Lagarde est plus subtil : la BCE estime que le gros du travail est fait. Elle signale que ce cycle de baisse touche sans doute à sa fin. Face à une incertitude « exceptionnelle » sur le plan géopolitique, la BCE veut se ménager une marge de manœuvre. D’autant que la guerre commerciale qui s’annonce pourrait vite faire repartir l’inflation ou frapper la croissance.

Ce que ça change pour la zone euro. 

Concrètement, les entreprises et les États respirent un peu, les conditions d’emprunt devenant moins pénalisantes. Mais la BCE prévoit déjà les conséquences d’un choc commercial : si Trump met ses menaces à exécution, la croissance de la zone euro pourrait perdre jusqu’à un point de PIB d’ici 2027, selon ses propres projections. Les nouvelles prévisions tablent sur 0,9 % de croissance en 2025, 1,1 % en 2026 (contre 1,2 % prévu auparavant) et 2 % d’inflation stable à horizon 2027.

Pour finir. 

Cette baisse de taux ressemble plus à un coup de frein prudent qu’à un virage. Christine Lagarde garde une approche « réunion par réunion » et souhaite laisser planer le doute. Loin de la Fed américaine, qui maintient des taux élevés pour éviter tout emballement inflationniste, la BCE tente un équilibre : relancer sans surexposer. Avec un Trump à l’offensive, une croissance molle et un euro qui peine à s’imposer comme refuge, l’Europe entre dans une phase délicate. La politique monétaire devient un jeu d’équilibriste.

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