La Chine s’inquiète de ses propres voitures électriques
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De quoi on parle ?
Les voitures électriques ultra-abordables de la Chine ne font plus seulement peur à l’Europe ou aux États-Unis… mais à la Chine elle-même. En mai, BYD, le leader du secteur, a déclenché une nouvelle guerre des prix en baissant brutalement le tarif de 22 modèles, dont la Seagull, désormais affichée à moins de 7 700 dollars. Le gouvernement chinois s’en alarme : ce dumping interne fragilise les marges, bride l’innovation et menace la sécurité des véhicules. Même le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste, s’inquiète de l’impact sur la réputation du “made in China”.
Pourquoi c’est important ?
Le secteur auto est un miroir grossissant des faiblesses structurelles de l’économie chinoise : surcapacité, concurrence destructrice, profitabilité en chute libre. Sur les 115 marques de véhicules électriques chinoises recensées, une poignée seulement est rentable. La crise actuelle rappelle celle de l’immobilier. Wei Jianjun, patron de Great Wall Motor, parle d’un « Evergrande » de l’automobile prêt à imploser. Et derrière BYD, pourtant bien positionné grâce à son intégration verticale, la peur du krach s’installe.
Ce que ça change
Pékin tente d’imposer un rééquilibrage, mais le mal est profond. Pour survivre, les constructeurs vont devoir consolider, et surtout exporter davantage. BYD prévoit déjà de vendre plus de la moitié de ses véhicules hors de Chine d’ici 2030, avec l’Europe et l’Amérique latine en ligne de mire. En avril, malgré les hausses de tarifs douaniers, BYD a vendu plus de voitures électriques en Europe que Tesla. Une prouesse qui inquiète les gouvernements occidentaux : la vague chinoise pourrait déferler sur des marchés déjà fragilisés.
Pour finir
Ce paradoxe chinois, produire à perte pour gagner des parts de marché, est révélateur d’un modèle économique à bout de souffle. Si rien ne change, les faillites vont s’accumuler, les tensions sociales monter, et la dépendance aux exportations s’intensifier. À court terme, les consommateurs pourraient profiter de prix cassés. Mais à long terme, c’est l’ensemble de l’équilibre commercial mondial qui pourrait vaciller. Car une Chine qui vend à perte, c’est aussi une Chine qui exporte ses déséquilibres.