Aux Etats-Unis, la relation entre Trump et Musk passe de l'ovale à l'orage. 

© Anna Moneymaker/Getty Images

De quoi on parle ?

Elon Musk a encore fait trembler Washington mais pas avec une fusée. Mardi 3 juin, le patron de SpaceX et Tesla s’est violemment attaqué à la Big Beautiful Bill (BBB), la loi budgétaire portée par Donald Trump, qu’il a qualifiée d’« abomination dégoûtante » dans un message sur X. Ce projet de loi, adopté par la Chambre des représentants et désormais en examen au Sénat, prévoit une refonte massive des dépenses publiques, censée incarner le retour du trumpisme économique : baisse d’impôts, coupes sociales, financements réorientés. Le problème, selon Musk ? Il creuserait la dette, au lieu de la réduire. Et il le dit très fort.

Pourquoi c’est important ?

Si la charge de Musk n’est pas une première, sa virulence surprend : il accuse à demi-mot les républicains d’avoir trahi leur électorat en validant un plan qui fragilise les comptes publics. Le Sénat, à majorité républicaine fragile, pourrait basculer si seulement trois élus venaient à se désolidariser du texte. La sortie d’Elon Musk tombe donc au pire moment pour Donald Trump, qui mise sur cette loi pour tenir ses promesses électorales : expulsion massive de clandestins, baisse d’impôts, recentrage budgétaire. Malgré cela, la Maison Blanche reste étonnamment silencieuse, ménageant le milliardaire qui jouit d’un statut à part dans la droite américaine, entre génie économique et électron libre incontrôlable.

Ce que ça change pour les États-Unis.

La prise de parole d’Elon Musk fracture un peu plus une droite américaine en pleine recomposition, entre trumpisme dur et conservatisme fiscal plus classique. Elle expose aussi les tensions internes du Parti républicain face à une dette publique qui explose (+5 000 milliards anticipés d’ici 2034 selon les projections du CBO). Pour Trump, le BBB est un test de loyauté. Pour Musk, c’est un chiffon rouge budgétaire et idéologique. Le débat est d’autant plus sensible que certains républicains soupçonnent Musk d’agir par intérêt personnel, après la réduction des subventions aux véhicules électriques prévue dans le texte. Le soutien ponctuel de figures comme le sénateur Rand Paul montre que la fracture est réelle, même si Trump conserve, pour l’instant, la main.

Pour finir.

Dans un pays où un tweet peut faire vaciller un vote au Sénat, la sortie de Musk n’est pas juste un coup d’humeur. C’est un signal politique. Qu’un milliardaire anciennement proche de Trump désavoue publiquement sa pièce maîtresse budgétaire en pleine bataille législative rappelle à quel point les équilibres sont précaires à Washington. Entre dette, démagogie fiscale et influence des mégafortunes sur la vie politique, les États-Unis naviguent à vue. Et Musk, fidèle à lui-même, préfère le rôle d’aimant à controverses à celui de consultant silencieux.

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