Atos : le pari stratégique de l’État français. 

© REUTERS/Sarah Meysonnier

De quoi on parle ?

Atos, c’est le géant français du numérique, spécialisé dans les services informatiques, la cybersécurité et surtout les supercalculateurs, ces machines ultra-puissantes utilisées pour la recherche scientifique, les prévisions météorologiques et surtout la dissuasion nucléaire. Héritier historique de Bull (racheté en 2014), Atos est aujourd’hui le seul fabricant européen de supercalculateurs et emploie plus de 2 500 personnes, principalement en France. Le 2 juin 2025, l’État français a annoncé une offre ferme de 410 millions d’euros pour racheter cette activité stratégique, confirmant une opération majeure pour sécuriser un secteur clé.

Pourquoi c’est important ?

Depuis 2023, Atos traverse une tempête : effondrement de son cours en Bourse, perte de confiance des investisseurs, plans de restructuration successifs et ventes d’actifs pour éponger ses dettes. L’activité des supercalculateurs, qui devrait générer près de 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025, est particulièrement sensible car elle touche directement à la souveraineté militaire (via des contrats nucléaires) et à la compétitivité industrielle française. Sans intervention publique, il y avait un risque réel que ces actifs tombent entre des mains privées ou étrangères. L’État joue donc ici un rôle de « gardien stratégique », en sécurisant un secteur que ni Bercy ni la Défense ne peuvent se permettre de perdre.

Ce que ça change pour la France. 

Cette acquisition marque un tournant dans la relation entre l’État et Atos. Le gouvernement reprend la main sur une partie cruciale des activités du groupe, tout en laissant Atos poursuivre sa trajectoire sur d’autres marchés, notamment la cybersécurité et les services numériques. Pour Atos, c’est un souffle d’air frais : la cession devrait lui permettre de stabiliser ses finances et de recentrer son activité, avec l’objectif de renouer avec une croissance durable et de viser entre 9 et 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2028. Pour l’État, c’est aussi un message clair envoyé au marché : sur certains secteurs, la souveraineté nationale passe avant les logiques purement financières.

Pour finir. 

L’achat des supercalculateurs d’Atos est plus qu’une simple opération financière, c’est un signal stratégique fort. Dans un contexte de tensions géopolitiques et de concurrence technologique exacerbée, la France cherche à protéger ses joyaux industriels. Reste à voir si cette reprise partielle suffira à remettre Atos sur les rails à long terme ou si d’autres interventions seront nécessaires pour stabiliser le reste du groupe. Une chose est sûre : le feuilleton Atos est loin d’être terminé.

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