Chine : la grande bataille pour sortir de la crise immobilière.

© Fang Dongxu/VCG/Getty Images

De quoi on parle ?

Depuis quatre ans, la Chine est embourbée dans une crise immobilière monumentale. Des millions d’appartements invendus, des promoteurs géants comme Evergrande en faillite, des ménages ruinés et une économie ralentie : le secteur, qui représentait un quart du PIB en 2020, s’est effondré. Ce coup de frein brutal, voulu au départ par Pékin pour éviter une bulle spéculative, a fini par freiner la consommation, plomber la confiance des ménages et freiner l’ensemble de l’économie chinoise. Mais depuis quelques mois, les signaux changent. Dans les grandes villes comme Shanghai, les prix repartent légèrement à la hausse, des acheteurs reviennent, et les analystes estiment que le pire est peut-être derrière. Faut-il y voir un vrai redémarrage ou juste un répit temporaire ?

Pourquoi c’est important ?

Le problème immobilier chinois ne concerne pas que les promoteurs ou les acheteurs : il touche l’ensemble de l’économie mondiale. La Chine est un poids lourd commercial et financier ; sa santé économique a des répercussions bien au-delà de ses frontières.

Après avoir resserré le crédit dès 2020, Pékin a vu le marché immobilier s’effondrer. Près de 80 millions de logements neufs restaient invendus fin 2024, selon les estimations. La crise a englouti la richesse de millions de ménages, dont 70 % des actifs sont investis dans l’immobilier. Résultat : consommation en berne, croissance molle (autour de 4-5 % selon les estimations pour 2025) et une économie mondiale fragilisée, déjà secouée par les tensions commerciales avec les États-Unis.

Ce qui a été fait récemment

Face à l’ampleur de la crise, Pékin a sorti l’artillerie lourde :

  • Rachats massifs : les autorités locales ont été autorisées à racheter des appartements invendus et des chantiers à l’arrêt, pour les transformer en logements sociaux.

  • Assouplissement du crédit : la banque centrale a réduit l’apport minimal requis pour un achat immobilier (15 % pour une première résidence) et supprimé le taux plancher des crédits.

  • Plan de relance ciblé : 300 milliards de yuans (38 milliards d’euros) ont été débloqués pour aider les gouvernements locaux et les entreprises publiques à relancer les projets inachevés.

  • Réduction des stocks : dans les grandes villes comme Beijing ou Shanghai, les stocks invendus ont nettement diminué, revenant à des niveaux plus sains (12 mois de stocks fin janvier contre près de 20 mois mi-2024).

Ce que ça peut changer pour la Chine et pour l’économie mondiale

La stabilisation du secteur immobilier pourrait marquer un tournant. Dans les grandes villes, les prix cessent de chuter, les ventes repartent et le luxe s’arrache. Mais attention : la reprise reste très inégale. Dans les petites et moyennes villes, comme Wenzhou, les prix continuent de s’effondrer, et le secteur reste plombé par les surcapacités.

À l’international, une Chine qui sort de la crise immobilière pourrait retrouver des marges de manœuvre, notamment pour affronter la guerre commerciale avec les États-Unis, qui s’intensifie. Mais rien n’est gagné : selon plusieurs analystes, sans un soutien public renforcé, le marché immobilier risque de rester fragile, ce qui pèserait durablement sur la croissance.

Pour finir.

La Chine semble enfin se réveiller après quatre ans d’asphyxie immobilière. Mais le redémarrage sera long, inégal et semé d’embûches. Pékin joue gros : il ne s’agit pas seulement de sauver ses grands promoteurs, mais de restaurer la confiance des ménages et de relancer un moteur crucial de son économie. À suivre de très près : les prochaines annonces budgétaires et les effets des mesures sociales sur la demande.

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