La Sécurité sociale est au bord de la crise de liquidité.
© Dario Pignatelli/Bloomberg
De quoi on parle ?
La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : la Sécurité sociale française, pilier du modèle social national, pourrait bientôt faire face à une crise de liquidité sans précédent. Faute d’argent frais, le financement des retraites, de l’assurance maladie ou des allocations pourrait être menacé. Après un déficit déjà massif de 15,3 milliards d’euros en 2024, les perspectives s’assombrissent avec 22,1 milliards prévus en 2025 et 24,1 milliards en 2028. Pire, ces prévisions reposent sur des hypothèses de recettes déjà revues à la baisse, ce qui laisse craindre un dérapage encore plus fort.
Pourquoi c'est si inquiétant ?
Jusqu’ici, c’était la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale) qui jouait les pompiers, en absorbant les déficits de la Sécurité sociale. Mais depuis 2024, elle a atteint ses limites : elle ne peut plus reprendre les nouveaux trous qui se creusent chaque année. Le relais est désormais passé à l’Acoss, la caisse nationale des Urssaf, qui doit aller chercher de l’argent sur les marchés financiers.
Problème : elle ne peut emprunter qu’à très court terme, sur des périodes de 24 mois maximum. Et selon la Cour des comptes, ce jeu d’équilibriste ne pourra pas durer éternellement. Dès 2027, avec un endettement qui dépassera les 70 milliards d’euros par an, le risque de ne plus trouver les financements nécessaires devient très réel.
On parle ici de la capacité même à payer les pensions, les soins, les prestations : tout ce qui fait tenir notre modèle social.
Ce que ça peut changer pour la France
Si le cash venait à manquer, c’est tout le système social français qui serait fragilisé. Le risque est concret :
• Pensions, remboursements de soins, allocations familiales… tous ces versements pourraient être menacés à court terme.
• L’État devrait alors réagir en urgence : prolonger la vie de la Cades, trouver de nouvelles ressources fiscales ou actionner d’autres leviers de financement pour revenir à l'équilibre.
Et c’est là que le terrain devient glissant. Qui dit équilibre, dit économies. Et qui dit économies, dit réduire les dépenses sociales, un sujet explosif et politiquement ultra-sensible, tant il touche à des acquis que beaucoup considèrent comme intouchables.
Pour finir.
La Cour des comptes ne mâche plus ses mots : hors de contrôle, fragile, crise de liquidité possible. Les avertissements se multiplient et mettent une pression maximale sur les décideurs politiques. Dans un contexte déjà marqué par l’usure du pouvoir et la défiance citoyenne, trouver le bon équilibre entre rigueur budgétaire et préservation du modèle social sera un test majeur pour le gouvernement. Les prochains mois s’annoncent décisifs.