Russie : la machine économique commence à caler

© DALL.E

De quoi on parle ?

Après deux années de croissance dopée par la dépense publique et l’effort de guerre, l’économie russe donne des signes d’essoufflement. En juillet, la croissance n’a pas dépassé 0,4% sur un an. Le FMI a abaissé sa prévision pour 2025 à 0,9%, contre plus de 4% en 2023 et 2024. La combinaison de sanctions occidentales, de prix du pétrole en recul et de taux d’intérêt à 18% pousse le pays au bord de la récession.

Pourquoi c’est important ?

Moscou affronte une équation budgétaire intenable. Les recettes pétrolières, qui représentent un tiers des revenus de l’État, ont chuté de 18,5% sur sept mois. Résultat : un déficit de 4,9 trillions de roubles fin juillet, déjà 30% au-dessus de l’objectif annuel. La manne de guerre ne suffit plus, et les coupes se profilent dans les dépenses sociales et civiles. Pour un pays qui consacre plus de 40% de son budget à la défense, le signal est clair : la guerre se paie désormais sur le dos des ménages.

Un modèle en crise

Les sanctions mordent davantage qu’auparavant. La Russie exporte son pétrole vers la Chine, l’Inde et la Turquie, mais à prix cassés. Ses industries civiles plongent : la métallurgie a réduit sa production de 18% au deuxième trimestre, l’automobile recule de 28%, et des géants comme KamAZ ou Avtovaz imposent des semaines de quatre jours. Même le secteur bancaire est fragilisé : la dette des entreprises a doublé depuis 2022 et près de la moitié des 100 plus grandes banques voient leurs résultats se dégrader.

Et après ?

Politiquement, Vladimir Poutine vante toujours la résilience du pays. Mais sur le terrain, la consommation s’érode, les salaires stagnent et les entreprises manquent de liquidités pour investir. Les sanctions européennes continuent de se multiplier et le rouble fort réduit les recettes d’exportation. Pour les économistes, le cocktail est explosif : sans relance de la productivité ni baisse durable des taux, la Russie s’expose à un déclin prolongé.

Pour finir.

La « fête » économique de 2023-2024 est terminée. Si la Russie ne s’effondre pas, elle cale. Reste à savoir qui, de l’armée ukrainienne ou de l’économie russe, tiendra le plus longtemps.

Suivant
Suivant

Jerome Powell : gardien de l’indépendance monétaire face à Trump