Pékin supprime ses droits de douane pour l’Afrique

© Ken Ishii/AFP/Getty Images

De quoi on parle ?

La Chine vient d’annoncer la suppression prochaine des droits de douane sur les produits en provenance de la quasi-totalité des pays africains, à l’exception de l’Eswatini. L’objectif affiché : ouvrir le marché chinois aux exportations africaines, en particulier dans l’agroalimentaire. Cette annonce, faite lors de la foire commerciale Chine-Afrique, intervient alors que les États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, menacent de nouvelles hausses tarifaires à travers le globe, y compris envers plusieurs économies africaines.

Pourquoi c’est important ?

Pékin s’inscrit en contrepoint de l’unilatéralisme américain en se présentant comme champion du libre-échange avec le Sud global. Cette initiative renforce son image d’allié stratégique du continent africain à un moment où l’influence américaine s’étiole. Mais les retombées concrètes devraient rester modestes. D’une part, peu d’économies africaines sont suffisamment industrialisées pour exploiter pleinement cet accès préférentiel au marché chinois. D’autre part, l’Afrique ne représente qu’une infime part des importations chinoises, même dans les matières premières. Cette ouverture tarifaire a donc avant tout une portée géopolitique.

Ce que ça change.

Pour les exportateurs africains de produits agricoles ou miniers, cette décision pourrait offrir des opportunités ciblées, mais son impact global sera marginal sans un véritable saut industriel du continent. Pour la Chine, en revanche, le message est clair : elle se positionne comme alternative commerciale aux États-Unis dans un contexte de rivalité croissante. Cette stratégie s’accompagne de promesses d’investissements, de formations et de coopération logistique, mais leur concrétisation reste incertaine. La suppression des droits de douane tient donc davantage du geste diplomatique que d’un changement structurel des échanges.

Pour finir.

L’initiative chinoise reflète moins une volonté d’ouvrir son marché que de renforcer ses liens politiques avec l’Afrique, tout en adressant un message au reste du monde : face à l’Amérique de Trump, Pékin se veut plus souple, plus inclusif, plus global. Mais sans véritable transformation des capacités productives africaines, la dépendance commerciale du continent, à la Chine comme hier à l’Occident, restera entière.

Suivant
Suivant

Israël-Iran : la flambée du baril ravive le spectre d’un choc énergétique