La chute de François Bayrou plonge la France dans une zone de turbulences économiques

© DALL.E

De quoi on parle ?

Lundi 8 septembre, François Bayrou a perdu son pari : l’Assemblée nationale a refusé de lui accorder la confiance, avec 364 voix contre et seulement 194 pour. Après seulement neuf mois à Matignon, le Premier ministre remet sa démission à Emmanuel Macron. C’est le deuxième gouvernement renversé en moins d’un an, un record sous la Ve République. Si la crise est avant tout politique, ses répercussions sont aussi économiques : instabilité budgétaire, hausse du coût de la dette et inquiétude des marchés.

Pourquoi c’est important ?

La chute d’un gouvernement en plein débat budgétaire fragilise la crédibilité financière de la France. Le déficit reste attendu à 5,4 % du PIB cette année, loin de la limite européenne de 3 %. François Bayrou espérait imposer un plan d’économies de 44 milliards d’euros pour 2026, mais le rejet de ce cap budgétaire renforce l’incertitude. Résultat : les taux d’emprunt français se rapprochent de ceux de l’Italie, signe que les investisseurs exigent une prime de risque croissante.

L’instabilité politique pèse sur la dette

Depuis la dissolution ratée de 2024, la France peine à trouver une majorité stable. Quatre Premiers ministres se sont succédé en moins de deux ans. Cette valse à Matignon inquiète les agences de notation, dont Fitch, qui doit rendre un avis le 12 septembre. Un abaissement de la note souveraine ferait de nouveau grimper le coût de financement de la dette publique, déjà au plus haut depuis 14 ans.

Le risque d’une paralysie budgétaire

Sans gouvernement stable, il devient très difficile de faire adopter le budget 2026. Or, sans loi de finances, la France pourrait se retrouver à fonctionner par décrets provisoires, un scénario qui minerait la confiance des marchés et de ses partenaires européens. Certains évoquent même une contagion possible à la zone euro si la situation dégénérait.

La rue en embuscade

À l’incertitude parlementaire s’ajoute la menace sociale. Deux journées de mobilisation sont déjà prévues, le 10 et le 18 septembre, avec pour mot d’ordre « bloquons tout ». Comme lors de la crise des gilets jaunes, la rue pourrait devenir un facteur économique majeur en cas de blocage institutionnel. Grèves et perturbations pèseraient sur l’activité, alors que la croissance française est déjà atone.

Pour finir.

La chute de François Bayrou n’est pas seulement un échec politique : c’est un test grandeur nature pour la crédibilité financière de la France. Entre déficit incontrôlé, dette à 114 % du PIB et marchés de plus en plus fébriles, Emmanuel Macron doit vite trouver un Premier ministre capable de restaurer la confiance. Faute de quoi, la crise pourrait passer du terrain politique au terrain économique.

Suivant
Suivant

Un nouveau modèle économique pour sauver nos démocraties : notre rencontre avec Joseph Stiglitz