Dette, fonction publique, jours fériés : François Bayrou frappe fort pour éviter le naufrage budgétaire
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De quoi on parle ?
François Bayrou a dévoilé mardi les grandes lignes du budget 2026, avec 43,8 milliards d’euros d’économies au programme. Pour redresser les finances publiques, le Premier ministre annonce une «année blanche», la suppression de 3 000 postes de fonctionnaires et deux jours fériés en moins. Objectif : revenir sous les 3 % de déficit d’ici 2029 et stopper l’escalade de la dette.
Pourquoi c’est important ?
La dette publique atteint 3 345 milliards d’euros, soit 113,9 % du PIB. Sa charge pourrait franchir les 100 milliards d’euros par an si rien ne change. Bayrou joue la carte du choc de confiance, vis-à-vis des marchés comme des électeurs, en promettant une purge budgétaire « sans précédent depuis 50 ans ». Mais son plan est explosif socialement… et politiquement fragile.
Comment on en est arrivé là ?
Le déficit s’est creusé avec le ralentissement de l’activité, la désindexation tardive des dépenses, les baisses d’impôts non compensées… et la hausse des taux. L’exécutif redoute une crise de confiance comparable à celle qu’a connue la Grèce. Faute de majorité solide, François Bayrou doit convaincre le PS et le RN de ne pas censurer le texte en septembre. Et ce n’est pas gagné.
Éviter la censure
François Bayrou a choisi la clarté : la France ne peut plus vivre à crédit, et chacun devra contribuer à l’effort. Mais le remède est rude, et le pari, vertigineux. Gel des salaires, des retraites et des prestations en 2026, suppressions de postes dans la fonction publique, rationalisation des agences de l’État, réduction des niches fiscales, contribution des plus fortunés… le plan repose sur un effort massif, concentré en un temps record. Les syndicats dénoncent une politique de coupes à la hache : « troisième année blanche » consécutive, « rabot permanent », « potion amère »… L’UNSA évoque la « mise en péril » de la fonction publique, FO parle carrément de « scandale ». La contestation pourrait enfler à la rentrée.
Pour finir.
L’intention est claire, mais l’exécution semble quasi impossible. Ramener le déficit sous 3 % sans fracturer le pays ni faire tomber le gouvernement relève de l’exploit. Or, les premières réactions politiques confirment l’ampleur du défi. Les oppositions menacent déjà de censurer le budget. À gauche comme à l’extrême droite, la suppression de deux jours fériés concentre les critiques. Le RN y voit une attaque contre l’identité nationale, tandis que le PS prépare un plan de riposte. Sans majorité solide, sans adhésion sociale, François Bayrou marche sur un fil. L’été lui donne un sursis. Mais à la rentrée, le couperet pourrait tomber.