La “Big, Beautiful Bill” de Trump face au Congrès américain.
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De quoi on parle ?
Donald Trump tente de faire passer son grand projet fiscal et budgétaire devant un Congrès fracturé… par son propre camp. Présenté comme le pilier de son second mandat, ce “big beautiful bill” prévoit des baisses d’impôts, prolongées et élargies, financées par des coupes massives dans les dépenses sociales. Problème : les ultraconservateurs veulent aller encore plus loin, et les modérés freinent.
Résultat : le texte patine, les négociations s’enlisent, et les marchés s’inquiètent du poids croissant de la dette publique américaine.
Pourquoi ça bloque ?
Le projet vise à étendre les baisses d’impôts de 2017, à alléger les prélèvements sur les revenus élevés et à relever le plafond des déductions fiscales locales (SALT). En échange, Trump promet de réduire les dépenses publiques, notamment via :
Des coupes accélérées dans Medicaid (assurance santé pour les ménages modestes)
Une réforme des “food stamps” (bons alimentaires SNAP)
La suppression des crédits d’impôt pour l’énergie verte
Mais les conservateurs radicaux (Freedom Caucus) estiment que ces coupes sont encore trop timides. Ils réclament un calendrier plus rapide et des réductions plus sévères. À l’inverse, certains républicains modérés, notamment ceux des États du Nord, s’opposent à toute baisse des aides sociales.
Résultat : Trump tente de trouver un compromis in extremis, sous peine de voir son texte rejeté par sa propre majorité.
Les répercussions économiques
Les marchés obligataires réagissent mal : la perspective d’un creusement de la dette publique a fait grimper les taux sur les obligations à 30 ans à plus de 5 %, leur plus haut niveau depuis 2023.
Le coût estimé de la réforme dépasse les 2 000 milliards de dollars sur dix ans.
Moody’s a déjà abaissé la note de la dette américaine, invoquant précisément ce dérapage budgétaire.
Sur le plan politique, un rejet du texte serait un camouflet pour Trump… à quelques mois de l’élection présidentielle.
Pour finir.
Ce plan fiscal incarne la ligne de fracture au sein du Parti républicain : comment réduire les impôts sans alourdir la dette ? Trump joue gros et les marchés aussi. Car derrière ce bras de fer politique se cache une équation budgétaire explosive, avec un enjeu clair : qui va payer la facture des promesses électorales ?