Make England Great Again ?
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De quoi on parle ?
Samedi 13 septembre, Londres a vu défiler près de 150 000 personnes au rassemblement « Unite the Kingdom », mené par le polémiste d’extrême droite Tommy Robinson. Officiellement centré sur la liberté d’expression et la lutte contre l’immigration, le cortège a vite pris des airs de meeting transatlantique : casquettes « Make England Great Again », slogans anti-migrants, prêches évangéliques et même une apparition vidéo d’Elon Musk appelant à « se battre ou mourir ». Cette démonstration intervient à deux jours de la visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni, reçue par le roi Charles et le Premier ministre Keir Starmer. Si le président américain reste très impopulaire (16 % d’opinions favorables), ses idées gagnent en influence.
Pourquoi c’est important ?
Selon le British Election Study, 36 % des Britanniques adhèrent désormais à une majorité de positions « MAGA » : méfiance envers l’État, rejet de l’immigration, hostilité aux politiques climatiques ou aux élites. Le chiffre est en forte hausse depuis 2020, nourri par un climat de défiance inédit : 46 % des citoyens disent ne jamais faire confiance au gouvernement, un record. Cette colère diffuse alimente des revendications radicales comme les déportations massives de migrants ou la dénonciation de la « censure » sur les réseaux sociaux.
Les risques politiques et économiques
Le phénomène fragilise Keir Starmer, dont le gouvernement récolte une cote d’approbation négative de –44 auprès de ces électeurs. Nigel Farage, chef de Reform UK, garde ses distances avec les extrêmes mais pourrait capter cette base en quête d’alternatives. Derrière les slogans, c’est un malaise économique qui ressort : transports publics défaillants, logement inaccessible, services sociaux en crise. Autant de terreaux sur lesquels prospère un trumpisme à la britannique, moins incarné par Trump que par un rejet global de l’ordre établi.
Pour finir.
À la veille de la visite officielle de Donald Trump, le Royaume-Uni se présente comme un pays en proie à ses propres fractures. Les Britanniques rejettent massivement l’homme, mais ses thèmes (insécurité, immigration, anti-élitisme) s’installent dans le débat. Un paradoxe inquiétant pour une démocratie où les colères sociales s’agrègent désormais sous un drapeau « Make England Great Again ».